« Où était donc le Prince Léopold ? », s’exclame Napoléon exilé à Sainte-Hélène, à l’annonce de la mort en couche de la Princesse Charlotte de Saxe, héritière de la couronne d’Angleterre (et épouse du susdit Prince). En 1817, elle avait mis au monde, après cinquante heures de travail, un enfant mort-né et la malheureuse avait expiré peu après d'épuisement. Bonaparte accuse le Prince Léopold de Saxe de n’avoir pas joué son rôle de général – commandant en chef : « Un homme ne devait-il pas savoir ce qu’il y avait à faire ? Si je n’eusse été présent lors de l’accouchement de Marie-Louise, cette Princesse serait morte de la même manière. Pendant qu’elle était en travail d’enfant, je me tenais dans un appartement voisin, d’où je me rendais à chaque instant dans sa chambre. Après quelques heures de souffrance, l’accoucheur Dubois, tandis que j’étais assis sur un sofa, vint à moi, la frayeur peinte sur sa figure et il me dit que l’Impératrice était dans un état alarmant, que l’enfant se présentait de travers. Je lui demandai s’il n’avait jamais rien vu de semblable. Dubois me répondit qu’il avait vu quelques accouchements de ce genre, mais très rares, peut-être pas un sur mille et qu’il était bien affligeant pour lui qu’un tel cas se présentât lorsqu’il était question de l’Impératrice ! Oubliez, lui dis-je, qu’elle est impératrice et traitez-la comme vous traiteriez la femme d’un petit marchand de la rue Saint-Denis. Dubois me demanda ensuite, si cela devenait tout à fait indispensable, lequel des deux il faudrait sacrifier pour sauver l’autre : la mère ou l’enfant ? Sauvez la mère, répondis-je, il n’y a pas à hésiter et cela est de droit. J’accompagnai ensuite Dubois auprès du lit, j’encourageai et tranquillisai de mon mieux l’Impératrice et je la tins pendant qu’on l’opérait avec les pinces (forceps). L’enfant était mort en apparence quand il sortit du sein de sa mère ; mais les frictions et d’autres moyens qu’on employa le firent revenir à la vie (…)."
Lettre datée du 3 février 1818, signée du Docteur O’Meara, citée par Gilbert Kirschen, Léopold avant Léopold 1e, Jacques Antoine, Bruxelles, 1988
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