Promenons-nous dans les bois, le loup n’y est pas, et le fait savoir. Il n’a pas mis sa culotte. Il se rase encore. Il cherche son chapeau. Dans le bois, on ne parle que de cela. Viendra-t-il, viendra-t-il pas ? Et s’il ne venait pas ? On spécule, on s’étonne, on suppute, on argumente. Quand va-t-il crier : « J’arrive » ? En attendant la déclaration, on rêve qu’il va nous surprendre (en annonçant par exemple qu’il a bien réfléchi, et que toute compte fait, il renonce d’aller au bois). Mais on sait bien qu’il y viendra. On le sait, tout en ne le sachant pas, ou en faisant semblant de ne pas le savoir. On se demande quand, où, qui, quoi. On se l’imagine derrière la porte, fin prêt, rasé, les griffes manucurées, le poil luisant. Et on crie « Y es-tu ? », comme s’il n’y était pas. Cela fait partie du jeu. De l’art d’augmenter la surface éditoriale : les journaux en parlent avant, ils en parleront pendant, après, longtemps. De quoi ? Mais de l’annonce, pardi. La belette a dégagé, le renard est retourné à sa tanière, le cerf va subrepticement se remiser. Et le loup sortant annoncera enfin qu’il sort. Cela va sans dire, Monsieur le Président, mais encore mieux en le disant.
Commentaires